RATTRAPAGE 2018 --> Insidious : la Dernière Clé
La Dernière Clé, ultime volet de la saga Insidious, est la preuve que celle-ci tourne désormais en rond. L'ensemble peut se montrer efficace le temps de quelques séquences mais reste enfoui dans une banalité déconcertante, voire vulgaire.
Note --> 2/5
Synopsis : Des années avant les événements des trois précédents films, durant la jeunesse d'Elise Rainier dans le Nouveau-Mexique,
cette dernière commence à être hantée par un esprit maléfique et
démoniaque dans sa propre maison, la poussant plus profondément dans le
Lointain.
Plusieurs années après, une famille dit être victime d'événements
paranormaux et fait appel à Elise. Seulement cette fameuse famille
habite dans sa maison d'enfance et le démon qui hantait Elise dans le
passé, semble être revenu...
Quand le réalisateur James Wan donne
naissance à une franchise pour finalement la quitter afin de s’atteler à
d’autres projets, celle-ci persévère dans le commercial tout en perdant
de sa saveur. Ce fut le cas avec la saga Saw qui, après un
premier opus diablement oppressant et psychologique, s’est poursuivie
par du torture porn gratuit et sans saveur – et nous en sommes au
huitième volet (Jigsaw), c’est pour dire ! Conjuring
est également à mettre dans le même panier, le cinéaste ayant accouché
de deux films d’horreur tout bonnement excellents, avec autour des
spin-offs. Si Annabelle 2 a su convaincre, le premier
n’a fait que de se reposer sur l’aura de sa poupée, le résultat n’étant
pas du tout à la hauteur des attentes. Et nous pouvons, par la même
occasion, appréhender les futurs The Nun (film sur le démon « bonne sœur » aperçu dans Conjuring 2) et Conjuring 3, James Wan n’étant pas assuré de diriger ce dernier. Et enfin, Insidious, qui s’est vu offrir un troisième film bien en-dessous de ses prédécesseurs, le remplaçant de Wan (son scénariste et complice Leigh Whannell)
ne parvenant jamais à retrouver l’efficacité des autres longs-métrages.
Une énième saga horrifique donc qui se repose sur les lauriers de ce
qu’a pu faire James Wan, et qui continue de le faire avec ce tout nouvel
épisode, et ce inlassablement.
Ne prenant plus le risque de perdre le spectateur dans une time line décousue (Insidious : Chapitre 3
était un prequel et non une suite), ce quatrième opus oublie toute
notion de « Chapitre » et assume d’emblée ses ambitions, à savoir
présenter l’enquête ultime d’Elise Rainier, le personnage le plus
apprécié de la saga et ce depuis le 1. Alors que le 3
avait commencé à dévoiler celui-ci de manière beaucoup plus intime
(nous connaissions ses peurs et sa manière de voir les choses), cette Dernière Clé
nous montre cette fois-ci son passé, afin de mieux la comprendre : d’où
vient son don, ses ambitions, l’amour pour son prochain, cette envie
d’aider… tant de qualités qui font son charme, son aura, et qui seront –
sur le papier – mis à rude épreuve dans cette nouvelle affaire
paranormale, pour le coup personnelle (Elise devant intervenir dans la
maison de son enfance). Encore une fois, nous ne pouvons qu’apprécier le
travail qu’a effectué Leigh Whannell sur la franchise Insidious en
termes d’écriture. C’est-à-dire se préoccuper avant toute chose de ses
protagonistes plutôt que de l’horreur pure. Et encore une fois, en se
concentrant sur l’histoire d’Elise, Insidious 4
respecte ses aînés et gagne en intérêt là où d’autres titres
horrifiques ne parviennent même pas à capter notre attention. Il est
cependant dommage que le script ne soit pas aussi fin qu’auparavant, se
montrant pour le coup assez grossier. Dans le sens où l’humour est bien
trop appuyé dans cet opus. Où les liens avec les autres films (notamment
le 3 et le 1) prennent par moment un peu trop le dessus,
comme s’il fallait rendre légitime l’appartenance de cet opus à la saga.
Où les personnages secondaires interviennent de manière aléatoire au
point d’en être ridicules : une des nièces d’Elisa avoue d’un seul coup
posséder le même don qu’elle et qui a décidé de rester sans raison pour
aider, pour les besoins du scénario et rien d’autre – j’ai un autre
exemple pour le dénouement, mais je vais me taire au risque de spoiler.
Où le potentiel d’écriture (le démon KeyFace étant la symbolique du
combat intérieur que doit effectuer Elise, avec ses peurs et son passé)
se retrouve enseveli par des banalités horrifiques lassantes. Bref, rien
de bien folichon à l’horizon, alors que le film avait les cartes en
mains pour véritablement s’en sortir.
Mais là où ce quatrième opus se démarque du précédent, c’est par l’efficacité de sa mise en scène. Alors que le 3
se perdait dans une trop longue exposition (il fallait attendre 50
minutes avant que quelque chose d’effrayant se produise) et des lenteurs
qui amenuisaient au long-métrage toute angoisse, celui-ci va
directement à l’essentiel. Certes, il y a encore des moments dramatiques
ô combien niaiseux venant casser le rythme (souvent sous fond de
musiques douces et de lumières chatoyantes), mais cet Insidious 4
parvient à faire peur. Alors oui, c’est encore par le biais de jump
scares souvent gratuits et déjà vus, comme c’est le cas pour la majorité
des titres horrifiques actuels. Mais force est de constater que malgré
cela, cela fonctionne plutôt bien dans l’ensemble. Surtout que pour
certaines séquences, le long-métrage prend bien son temps pour installer
ses effets et surprendre le spectateur plus facilement. Avoir choisi le
méconnu Adam Robitel pour diriger cette suite
s’avère être une pioche de bonne facture, ce qui pourrait lui ouvrir
bien des portes. Il est cependant navrant que le film s’abandonne – une
fois de plus via le passage dans le monde des démons – dans un
dénouement ridicule au possible, laissant sur le banc de touche toute
tension et puissance. La faute à un cruel manque d’atmosphère, chose
dont les films précédents pouvaient se vanter (notamment dû à la
photographie de John R. Leonetti, bien qu’il soit un piètre
réalisateur), et un sens de la musique maîtrisé. Comme en témoignait
l’apparition du titre, sous une détonation de violons à faire exploser
le cœur de la poitrine, ici totalement absent. On se retrouve même avec
un final expédié à la va-vite, éjectant du récit le démon et donc sa
terreur principale comme si tout cela se moquait de toute envergure
alors qu’il aurait dû en avoir (surtout pour un film prétendant être le
dernier de la saga). Même si l’on peut sursauter d’effroi, on ne se sent
pas aussi investi que pour les autres opus, Insidious 4 se regardant plutôt que se laissant vivre.
Un constat qui n’est pas spécialement aidé par le casting, il faut bien le dire. Si Lin Shaye s’en sort avec les honneurs une fois de plus dans la peau d’Elise, on ne peut plus en dire autant de ses deux complices (Angus Sampson
et Leigh Whannell lui-même), qui préfèrent se laisser emporter par
l’humour que l’effroi. Le duo de « Ghostbusters » ne semble plus aussi
impliqué qu’auparavant, nuisant à la cohésion du groupe et à notre
attachement envers les personnages. Quant aux seconds couteaux, ils sont
excessifs dans leur manière de jouer (Josh Stewart, Bruce Davison, Kirk Acevedo…) ou bien fades au possible (Caitlin Gerard, Spencer Locke, Tessa Ferrer…).
Et ne sont pas spécialement aidés par le côté interchangeable et
aléatoires de leur rôle respectif. Il faut toutefois reconnaître que
l’on a vu bien pire ailleurs, le genre horrifique étant principalement
celui qui regroupe les plus mauvais comédiens que l’on puisse connaître.
De plus, Lin Shaye étant la valeur sûre de la franchise jusqu’ici et ne
se concentrant que sur son personnage, Insidious 4 peut sans problème compter sur les épaules de l’actrice pour sauver les meubles.
Mais le résultat est sans appel et ce depuis le Chapitre 3 : Insidious
n’est rien sans James Wan à la barre. Bien qu’il ait livré un second
opus fort discutable, le réalisateur avait su proposer de la tension, de
l’angoisse. En laissant la main à son scénariste et à un inconnu ayant
fait ses armes avec un script (celui de Paranormal Activity 5) et un long-métrage passé inaperçu car rarement distribué à l’international (L’étrange cas Deborah Logan),
la saga est tombée dans la plus grande banalité. Comme le prouve ce
quatrième volet, certes efficace mais ne sortant jamais des sentiers
battus. Un divertissement d’épouvante se laissant regarder sans
déplaisir mais qui s’oublie très vite. Mais vu que la boucle semble
enfin bouclée (la franchise ayant fait le tour du personnage d’Elise),
on peut se rassurer qu’aucun autre film intitulé Insidious ne
vienne enfoncer cette série dans le grand n’importe quoi, qu’elle a
jusque-là su éviter. À moins que Leigh Whannell et les producteurs (Jason Blum
et James Wan lui-même) aient la folie des grandeurs et poursuive
l’aventure… car, au cinéma, quand il est question de succès et d’argent,
tout est possible !
BANDE-ANNONCE :
FICHE TECHNIQUE :
Titre original : Insidious : The Last Key
Réalisateur : Adam Robitel
Scénario : Leigh Whannell
Casting : Lin Shaye (Elise Rainier), Leigh Whannell (Steven Specs), Angus Sampson (Tucker), Kirk Acevedo (Ted Garza), Caitlin Gerard (Imogen Rainier), Spencer Locke (Melissa Rainier), Josh Stewart (Gerald Rainier), Tessa Ferrer (Audrey Rainier)...
Photographie : Toby Oliver
Décors : Melanie Paizis Jones
Costumes : Lisa Norcia
Montage : Tim Alverson
Musique : Joseph Bishara
Producteurs : Jason Blum, Oren Peli, James Wan et Leigh Whannell
Productions : Blumhouse Productions, Entertainment One, LStar Capital et Stage 6 Films
Distribution : Sony Pictures Releasing
Genre : Horreur
Durée : 1h44
Budget : 10 M$
Date de sortie : 03 janvier 2018
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