Glass
Après 19 ans d'attente, M. Night Shyamalan clôture son chapitre super-héroïque avec Glass, la conclusion idéale à Incassable et Split, bien que déséquilibrée.
Note --> 3,5/5
Synopsis : Après qu'il traquait Kevin Wendell Crumb, homme aux diverses personnalités et kidnappeur, David Dunn se retrouve capturait avec sa cible dans un hôpital pyschatrique. Là, une femme, le docteur Ellie Staple, va leur faire suivre une thérapie qui consiste leur faire accepter que leur don respectif n'a rien d'extraordinaire. Que c'est une psychose liée à leur passé, pouvant être guérie. Mais pendant que les séances s'accumulent, un autre patient, Elijah Price, prépare son évasion ainsi son plan qui permettra de révéler au monde entier la nature de leur soit disant maladie.
Si tout le monde se souvient
encore de Split, ce n’est pas que pour la prestation hallucinée de James
McAvoy. Ni pour son spitch principal, qui traitait d’un psychopathe aux multiples
personnalités (encore plus « habité » que Norman Bates de Psychose).
Ni pour la maîtrise du film, confirmant le retour en forces de son réalisateur
M. Night Shyamalan – après un The Visit de bonne facture mais plutôt passé
inaperçu au sein d’un large public. Non, si Split a tant marqué les esprits, c’est
également pour sa scène post-générique. Une sorte de twist qui annonçait ce que
tant de fans attendaient depuis bien des années : Incassable 2. En effet,
sur ses dernières minutes, le long-métrage dévoilait son statut de spin-off au
film de super-héros version Shyamalan, mettant ainsi les aficionados en ébullition. Il
aura donc fallu l’année 2019 – soit 19 ans après Incassable premier du nom –
pour voir se clôturer ce chapitre de la carrière du cinéaste. Autant dire que
ce Glass était l’une de mes plus grosses attentes… pour finalement être une
légère déception tout en étant une conclusion somme toute idéale à cette « trilogie ».
Première chose à constater :
l’atmosphère du long-métrage, qui ne sait pas bien quel ton adopter. Le
réalisme dramatique et pesant d’Incassable ? Le côté horrifique de Split ?
Le thriller épuré et glacial ? Le divertissement avec sa dose de
fantastique ? Ou autre chose, afin de faire un « troisième opus »
totalement différent de ses aînés et – du
coup – bien distinct ? Plutôt que
de faire un choix bien précis, Glass pioche parmi toutes ces propositions,
formant ainsi un cocktail pour le moins étrange. Étrange dans le sens où les
différents ingrédients utilisés sont bons, mais ne se marient pas
convenablement entre eux. Que ce soit la musique toute aussi hésitante de West
Dylan Thordson, les plans de Shyamalan, ou encore le montage qui balance de
temps à autres des flashbacks – dont certains sont des scènes tournées pour
Incassable mais jamais utilisées jusqu’à Glass, avec leur ambiance bien à
elles. Résultat de cet aspect pour le moins hybride de l’ensemble ? Tout
simplement un décrochage du spectateur. Et pour cause, avoir en face de soi un
film qui ne se montre pas suffisamment équilibré peut nous empêcher de nous
plonger pleinement dans ce dernier. Alors oui, on pourrait pousser l’analyse
encore plus loin en disant que ces différentes atmosphères peuvent être vues
comme les divers morceaux d’un miroir s’étant brisés. Chacun des débris
représentant un des personnages, une des intrigues du film. Supposition qui s’avère
pour le moins raccord avec le titre et les diverses affiches du film. Ou encore
au fait que le tout soit à l’image du personnage joué par James McAvoy, à
savoir habité par plusieurs personnalités. Mais même si cela ait été voulu d’entrée
jeu, avouez qu’il est plutôt difficile d’aborder un long-métrage ayant autant
de visages, de façades.
Seconde défaut à soulever avec
Glass : ses maladresses d’écriture. Non pas que le film ne soit pas
raccord avec ses prédécesseurs, au contraire ! Il reprend comme il faut
les intrigues, personnages et thématiques d’Incassable et Split. Il remet sur
le devant de la scène la vision réaliste qu’a Shyamalan des super-héros. Il
joue à nouveau avec les codes du genre (l’imperméable en guise de cape, les
plans iconiques, les faiblesses des protagonistes, le fait qu’un vilain soit l’exact
contraire du héros, le rôle de super-vilain en la personne d’Elijah Price, le « combat
final », l’origine des pouvoirs…) pour parfaire son univers et proposer
quelque chose de totalement atypique. Sur ces point-là, Glass est tout
bonnement réussi ! Mais c’est plutôt sur leur manière d’être amenés dans
le scénario que le long-métrage se plante un peu. Et pour cause, la réaction de
certains personnages secondaires (la mère d’Elijah), des idées malvenues (comme
faire parler d’une voix clichée la personnalité bestiale de McAvoy) et quelques
réparties donnent l’impression que le scénario a été finalisé dans la
précipitation. Que parmi ses excellentes séquences – dont nous reparlerons dans
le paragraphe suivant –, Glass s’est permis bien trop de raccourcis et autres
facilités d’écriture. Renforçant l’ambiance indécise et pour le coup le côté déséquilibré
de l’ensemble. Et comble de tout cela,
le film arbore par moment un côté kitsch qui vient saborder le but premier de
cette « trilogie » : montrer les super-héros sous l’angle le
plus réaliste qui soit. Un côté qui fait donc perdre à Glass son principal intérêt lors de certains instants. Autant dire qu’avec un tel constat, c’est plutôt
surprenant et critiquable.
Avec ces deux défauts en poche,
il est impossible pour Glass de se hisser aux côtés d’Incassable et Split. Et c’est
bien dommage car, en les mettant de côté, le dernier bébé de Shyamalan reste
une œuvre alléchante et jouissive. Un titre qui montre que son réalisateur peut
encore faire preuve d’ingéniosité en guise de mise en scène (des plans en GoPro
pour le combat rapproché, par exemple). De savoir-faire en jouant avec les
lumières, décors et couleurs afin d’exprimer visuellement les thématiques de
son univers. De maîtrise pour nous livrer des personnages et séquences finement
écrits – l’exemple le plus flagrant étant nos trois protagonistes principaux
face à la psy dans une salle d’un rose déconcertant. D’autodérision pour faire
une mise en abyme de sa carrière hollywoodienne désastreuses (son caméo). De perversité avec le public pour le
surprendre et l’impressionner – la révélation finale offrant une cohérence
scénaristique sans faille entre les opus, le plan concocté par Elijah… D’amour
pour sa création, au point de lui offrir un dénouement pour le moins déchirant.
Tant de points qui montrent le talent à nouveau épanoui de Shyamalan et que,
malgré ses défauts, cet « Incassable 2 » reste un bon film
Conclusion plus que satisfaisante
quoique décevante question ampleur, Glass témoigne de la patience et de la
passion qu’il a fallu à son géniteur pour nous concocter une saga
intrigante et intelligente. Et pour cela, un grand merci à Jason Blum. Le
producteur de films d’horreur low cost (Paranormal Activity, Insidious, Sinister…)
qui a réussi à sortir Shyamalan de sa tombe hollywoodienne (scellée avec l’hécatombe
After Earth) et le remettre en selle alors que tout semblait perdu pour lui. Qui
a permis à ce qu’un rêve de fan – voir débarquer Incassable 2 – puisse se
réaliser. On a beau vous critiquer pour la plupart de vos productions et votre
politique lucrative (financer à moindre coût pour plus de bénéfices), vous restez l’un
des meilleurs représentants des studios américains à l’heure actuelle. Car vous
avez rendu à un réalisateur talentueux son envie, son talent et son ambition.
Si Glass, n’est pas le grand film de cette année 2019, il sera à tout jamais la
preuve de ce que vous avez offert à Shyamalan.
BANDE-ANNONCE :
FICHE TECHNIQUE :
Titre original : Glass
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Scénario : M. Night Shyamalan
Casting : James McAvoy (Kevin Wendell Crumb), Bruce Willis (Davud Dunn), Samuel L. Jackson (Elijah Price), Anya Taylor-Joy (Casey Cooke), Sarah Paulson (Dr. Ellie Staple), Spencer Treat Clark (Joseph Dunn), Charlayne Woodlard (Mme. Price), Luke Kirby (Pierce)...
Photographie : Mike Gioulakis
Décors : Chris TrujilloCostumes : Paco Delgado
Montage : Luke Ciarrocchi et Blu Murray
Musique : West Dylan Thordson
Producteurs : M. Night Shyamalan, Jason Blum, Marc Bienstock et Ashwin Rajan
Productions : Universal Pictures, Blumhouse Productions, Buena Vista International, Blinding Edge Pictures et Perfect World Pictures
Distribution : Walt Disney Studios Motion Pictures
Genre : Thriller
Durée : 2h09
Budget : 20 M$
Date de sortie : 16 janvier 2019
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