Godzilla : le Dévoreur de Planètes
La Toho pensait explorer de nouveaux horizons avec cette trilogie d'animation Godzilla, Le Dévoreur de Planètes montre à quel point l'entreprise était vaine, inutile et oubliable. Une conclusion mauvaise, malgré un Ghidorah au sommet de sa forme.
Note --> 1,5/5
Synopsis : Suite au dernier affrontement face à Godzilla, désormais endormi, l'alliance terrestre s'affaiblit. Dans cette mission de détruire le titan et de reprendre le contrôle de la Terre, beaucoup d'hommes et de femmes ont perdu la vie, et l'espoir s'est évaporée. Incitant la plupart des survivants à les Exif, dont le culte funeste cherche à invoquer un monstre capable de détruire le monde. Oubliant sa haine envers Godzilla et ce qu'il représente, Haruo Sakaki va devoir se retrouver pour pouvoir sauver la planète d'une menace encore plus grande...
Pendant que les studios hollywoodiens
élaboraient leur univers étendu avec Godzilla comme centre d’intérêt, la Toho (maison mère du plus célèbre des
lézards géants), quant à elle, continuait d’exploiter sa star fictive et cette
fois-ci par le biais de l’animation. Annonçant en 2018 la diffusion sur Netflix d’une trilogie à la gloire du
Roi des Monstres, histoire d’élargir son public et les possibilités que peut
offrir un film de kaijus. Et après un an à rugir sur la plateforme de
streaming, voilà que cette saga se clôture avec Le Dévoreur de Planètes (The Planet Eater). Et du coup, que
pouvons-nous tirer de cet ultime opus ? Finit-il cette aventure futuriste
en beauté ? Autant ne pas gâcher le suspense : c’est par l’impression
d’avoir assisté à une série « vaine et inutile » que ce conclut cette
trilogie, avec ce troisième et dernier film…
Pourtant, ses prédécesseurs laissaient
augurer un final d’envergure. Faisons un petit résumé pour se resituer. La Planète des Monstres était loin d’être
parfait et ce à cause de plusieurs points. L’animation, principalement, qui
pouvait en rebuter plus d’un avec un aspect amateur (malgré un travail apporté
au visage des personnages). Mais aussi le fait que ce film se présentait comme
une introduction à ce que devait montrer ses successeurs (induisant un réel
manque de spectaculaire), au point de ne pas vraiment être considéré comme un
film Godzilla (le monstre géant n’apparaissant que trop rarement). Cependant,
il avait le mérite de proposer une histoire, avec ses personnages et son
univers futuriste. De permettre à la Toho, via le domaine de l’animation, d’explorer
de nouveaux horizons à ses films Godzilla
qu’elle ne pouvait atteindre avec ses figurants en costumes et ses effets
spéciaux bas de gamme. Et surtout d’offrir à sa célébrité reptilienne une image
iconique encore plus prononcée qu’auparavant. De par la terreur qui s’en dégage
(le passé des personnages, la façon dont ils en parlent, le fait que le décor
soit une Terre post-apocalytique où la nature a repris ses droits…), son
envergure (le Godzilla le plus grand qu’on ait vu jusque-là) et sa puissance
démesurée (cette séquence finale…). Le second, La ville à l’aube du combat, dévoilait les faiblesses de l’entreprise,
révélant que l’histoire, tout aussi intéressante soit-elle à ses débuts, ne
pouvait pas durer sur trois films. Faisant pour le coup du surplace et trainant
un peu trop en longueur. Mais pouvait se vanter de réadapter l’univers des
kaijus de la Toho, comme en témoigne l’exploitation surprenante et intelligente
de Mechagodzilla. Annonçant au passage la venue de Ghidorah et Mothra pour le
troisième film. Et de se finir sur une nouvelle séquence spectaculaire,
augurant un dénouement de taille pour Le Dévoreur de Planètes.
Eh bien non ! Tout ce que
promettaient ces deux films, vous ne l’aurez pas dans cet ultime épisode. L’histoire
travaillée ? Plus que de stagner, elle vire dans un n’importe quoi qui
arrive à nous faire dire que « 1h30, c’est long quand même ! ».
Le métrage, bien que de courte durée, nous semble beaucoup trop long et
ennuyeux. La faute à une dérivation dans un fanatisme religieux qui sort de
nulle part (vu que les deux autres volets mettaient en avant l’écologie comme
thématique principale), servant de prétexte à l’entrée en scène de Ghidorah et
n’ayant aucun sens. Les personnages ? Avec leur intrigue respective n’ayant
pas bougé d’un iota depuis La Planète des
Monstres, il nous a été difficile de nous attacher à eux et de nous désintéresser
totalement de leur sort. Mothra ? La mite géante était annoncée via l’introduction
de jumelles au scénario (propres au monstre). Elle ne viendra à l’écran que
pour deux secondes, le temps d’une séquence d’hypnose. Excessivement décevant !
Le final spectaculaire ? Sans que l’on sache pourquoi, Le
Dévoreur de Planètes est l’épisode le plus mou et fade de cette
trilogie d’animation. Hormis une séquence mettant en scène Ghidorah attaquant
un vaisseau, le fameux combat tant annoncé (le dragon à trois têtes contre
Godzilla) n’a tout simplement aucune ampleur. Pire, les réalisateurs et le
scénariste semblent avoir trouvé plus intéressant de centrer le conflit sur
deux protagonistes et non sur les titans dévastateurs. La conclusion ? Tous
les enjeux qui nous ont été présentés depuis le premier opus se retrouvent
absents de ce film et ne trouvent aucun aboutissement, ce dernier se terminant
comme si de rien n’était. Par « Godzilla bat Ghidorah, les survivants s’adaptent
à cette nouvelle Terre, le héros se suicide. Fin. ». Après plus de trois
heures d’attente, il est très rageant de n’avoir rien du tout à nous mettre
sous la dent. Comme si ces trois heures n’étaient que du vent, entachant l’aura
de ce cher Godzilla.
Et c’est vraiment dommage car il y
avait de quoi faire ! D’autant plus que, comme ses prédécesseurs, ce Dévoreur
de Planètes possède quelques atouts à ne pas négliger. Comme une
émotion beaucoup plus prononcée se traduisant par le choix de certains plans d’animation
(le suicide du héros), le doublage des personnages et le fait que le film ose
certaines séquences véritablement adultes (le rite d’incarnation de Ghidorah,
un personnage féminin qui se dénude, un cauchemar…), se détachant du côté
enfantin qu’on pouvait encore ressentir avec le choix de l’animation. Mais là
où le long-métrage apporte quelque chose à l’univers de Godzilla, c’est par sa
réinterprétation de Ghidorah même. Si le nouveau look du monstre pourra
décevoir et rejoindre le manque d’impact du combat final, son aura a été
renforcé. Jamais le kaiju n’a été aussi terrifiant, sournois et imprévisible
que dans ce film. Comment les réalisateurs y sont parvenus ? Par une
relecture de sa « légende » (dieu d’une religion à la limite
satanique). Par une introduction en mode séquence horrifique vraiment réussie.
Par une musique tendue et lourde, reprenant son rugissement de base ridicule et
en faisant une note étonnamment dérangeante. Par ses entrées en scène
impressionnantes (dans l’espace, dans l’atmosphère terrestre…). Ghidorah est
littéralement la star de ce film, volant la tête d’affiche à Godzilla, c’est
pour dire !
Mais le résultat reste le même : Le
Dévoreur de Planètes est une bien mauvaise conclusion. Un dénouement qui
confirme le côté vain de cette trilogie d’animation qui, pourtant, avait de
quoi faire frémir les fans du monstre géant. Mais mise à part un premier film
intéressant, les bonnes idées se sont peu à peu effacées derrière des défauts
aussi immenses que ses kaijus. Un véritable coup d’épée dans l’eau, qui devrait
inciter la Toho de faire mieux que ça à l’avenir. En attendant que la société
de production se réveille, il me tarde de découvrir le second film de la Warner
qui sortir d’ici quelques mois. Blockbuster hollywoodien qui, aux vues de ses
bandes-annonces, promet un spectacle ahurissant et visuellement magnifique. De
quoi faire oublier cette trilogie d’animation finalement anecdotique.
BANDE-ANNONCE :
FICHE TECHNIQUE :
Titre original : GODZILLA 星を喰う者 Gojira: Hoshi o Kuu Mono
Réalisateur : Hiroyuki Seshita et Kôbun Shizuno
Scénario : Gen Urobuchi
Casting : Mamoru Miyano (Haruo Sakaki), Takahiro Sakurai (Metphies), Kana Hanazawa (Yuko Tani), Tomokazu Sugita (Martin Lazzari), Yûki Kaji (Adam Bindewald), Reina Ueda (Maina), Ari Ozawa (Miana), Daisuke Ono (Eliott Leland)...
Animation : Ferdinando Patulli et Naoya TanakaMontage : Chris Cartagena
Musique : Takayuki Hattori
Producteurs : ???
Productions : Toho Animation et Polygon Pictures
Distribution : Netflix
Genre : Animation
Durée : 1h31
Budget : ???
Date de sortie : 09 janvier 2019
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