RATTRAPAGE 2018 --> Horse Soldiers
Après quelques années à coproduire des projets avec Disney, le producteur Jerry Bruckheimer revient à du cinéma plus "indépendant" avec Horse Soldiers, un film de guerre efficace quoiqu'un peu trop classique dans le fond.
Note --> 3/5
Synopsis : Le lendemain du 11 septembre, le capitaine Mitch Nelson et son équipe des Forces Spéciales ont été choisis pour mener à bien une périlleuse mission secrète. Son détachement
et lui sont envoyés en Afghanistan, en plein conflit armé, pour apporter
leur aide aux Afghans dans leur lutte contre les talibans...
Il fut un temps où les productions hollywoodiennes explosives passaient par un seul homme : Jerry Bruckheimer. Le producteur avait sous son aile bien des réalisateurs, dont Michael Bay (de Bad Boys à Bad Boys 2) et Tony Scott (du Flic de Beverly Hills 2 à Déjà-vu), permettant aux années 80-90 de nous offrir des divertissements de haute volée (Top Gun, Rock, Les Ailes de l’Enfer, Armageddon…). Et puis, après quelques gros titres dans les années 2000 (dont La Chute du Faucon Noir),
le bonhomme s’est éclipsé derrière une collaboration inégale avec les
studios Disney. Perdant ainsi de sa notoriété et de sa puissance.
D’accord, il a été à la tête de productions hors normes telles que les
franchises de Pirates des Caraïbes et de Benjamin Gates. Mais il est depuis responsable de films oubliables (Mission-G, L’Apprenti Sorcier), voire même d’échecs commerciaux cuisants (Prince of Persia, The Lone Ranger). Et quand il décide de sortir de chez l’oncle Walt, le succès n’est toujours pas au rendez-vous (Délivre-nous du mal). Le sera-t-il avec sa nouvelle production sur fond de guerre, Horse Soldiers (12 Strong
en VO) ? Bien que le budget de 35 millions soit rentabilisé, nous
sommes encore bien loin de la barre des 100 millions (à l’heure
actuelle, le film réunit plus de 53 millions à travers le monde). Un
score plutôt faiblard que pourrait justement s’expliquer par la qualité
du film, tout simplement banal malgré quelques atouts non négligeables.
Pour ceux qui se lanceraient dans l’aventure sans savoir de quoi il retourne, Horse Soldiers
narre une mission militaire survenue en 2001. La première lancée au
lendemain des attentats du World Trade Center (quelques jours après,
plus précisément) en Afghanistan, dans le but de démanteler un groupe de
talibans. Et qui a marqué les esprits du peuple américain, car ayant
été menée par 12 agents des forces spéciales, qui ont dû affronter –
avec l’aide de mercenaires – une armée entière. D’emblée, en lisant le
synopsis, on sent la firme patriotique à plein nez ! Et quand un film
américain s’engouffre là-dedans – le cinéma nous l’a montré maintes et
maintes fois –, il peut gâcher tout son potentiel. Horse Soldiers
entre malheureusement dans cette catégorie… Bien que ce ne soit pas le
pire, il faut l’admettre. Et aussi, aux vues du récit qui nous est ici
proposé (la survie de ces hommes, façon David contre Goliath, érigés en
héros), il est très difficile de ne pas tomber dans le patriotisme.
D’autant plus que l’histoire en elle-même s’est réellement déroulée, ce
que tu ne peux critiquer (surtout que tu n’étais pas présent pendant les
faits). Par contre, il n’était vraiment pas nécessaire d’en faire par
moment des caisses, comme de filmer la chevauchée de nos héros, au
ralenti, avec en fond des compositions orchestrales héroïques (style
western, genre justement très approprié pour ce qui touche le Rêve
Américain). Ou encore de proposer des séquences anecdotiques qui vont
dans ce sens (la femme du personnage principal, fière devant un discours
à la télévision car reconnaissant son mari dans le verbe). Nous sommes
encore très loin d’un Pearl Harbor (le film qui osait transformer
une défaite historique en victoire américaine dans sa manière de narrer
les faits), mais le patriotisme suinte un peu trop dans Horse Soldiers, au point de vampiriser un sujet pourtant très intéressant du film.
Car à bien y regarder, le long-métrage n’est pas forcément la survie
de ces douze soldats, mais plutôt l’alliance entre les Américains et les
forces Afghanes-Ouzbeks qui a dû se faire pour combattre un ennemi
commun. Une union peut évoquée et pourtant riche, humaine, alors qu’elle
était plus que bancale sur le papier. D’un côté nous avons des hommes
hantés par la vision du terrible attentat, de l’autre des mercenaires
déjà en proie à des guerres internes et devant s’acoquiner avec un
nouvel envahisseur. Une association qui s’est faite par la confiance, le
respect et la compréhension de l’autre. Comme l’illustrent si bien les
nombreuses discussions entre le personnage principal (le capitaine de
l’escouade) et le seigneur de guerre ouzbek qui sont, à mon sens, les
passages les plus intéressants du long-métrage. Ce qui donne par
ailleurs à Horse Soldiers un tout autre cachet par rapport aux autres
productions du genre. Mais encore une fois, le patriotisme exagéré de
l’ensemble vient quelque peu entacher le constat, passant ce sujet au
second plan au profit du sens du sacrifice des Américains. Ces derniers
sont ainsi beaucoup trop mis en avant alors qu’il était sans doute plus
judicieux de s’intéresser au sort des forces afghanes (résumé en la
personne du seigneur de guerre), transformées pour l’occasion en banales
chairs à canon.
Fort heureusement, le film peut compter sur un certain savoir-faire
pour tirer son épingle du jeu et se présenter à nous tel un
divertissement de guerre pour le moins efficace. Cela, nous le devons au
cinéaste danois Nicolai Fuglsig (issu du photojournalisme) qui, il faut bien le dire, a fait des choix judicieux pour la réalisation de ce Horse Soldiers.
Alors certes, l’ensemble transpire le patriotisme (ne revenons pas
là-dessus…) et paraît bien impersonnel. Cependant, le réalisateur ne
tombe jamais dans la gratuité. Que ce soit au niveau de la violence
(nous sommes bien loin de la surenchère façon Windtalkers) ou
bien du spectaculaire. À aucun moment Fuglsig ne veut en mettre plein la
vue, préférant se concentrer sur son récit, en y apportant une bonne
touche d’humanité. Même l’humour a droit à une petite place, apportant
ses moments de légèreté bienvenus. Pour cela, il fait dans la
simplicité, n’abusant jamais des effets pyrotechniques à outrance ni
d’instants dramatiques poussés à l’extrême. Avec un montage maîtrisé, il
livre un long-métrage dynamique, sachant remplir aisément son cahier
des charges et nous divertir comme il se doit.
Voilà comment se présente donc Horse Soldiers
: il s’agit d’un film de guerre américain. Il n’existe pas d’autres
manières de le décrire tant le long-métrage est l’exemple-type de ce
genre de divertissement. Ayant aussi bien les défauts que les atouts que
ces congénères, parvenant à faire convenablement le taf sans toutefois
transcender l’assistance. Pas mémorable, pas honteux… Certainement pas
ce qu’il faut pour que Jerry Bruckheimer revienne sur le devant de la
scène. Mais la production nécessaire pour nous faire dire qu’il existe
toujours et qu’il est capable de donner naissance à des projets encore
sympathiques hors Disney.
BANDE-ANNONCE :
FICHE TECHNIQUE :
Titre original : 12 Strong
Réalisateur : Nicolai Fuglsig
Scénario : Ted Tally et Peter Craig, d'après le livre de Doug Stanton
Casting : Chris Hewsworth (capitaine Mitch Nelson), Michael Shannon (Hal Spencer), Michael Peña
(Sam Diller), Navid Negahban (général Dostum), Trevante Rhodes (Ben Milo), Geoff Stults (Sean Coffers), Thad Luckinbill (Vern Michaels), Austin Hébert (Pat Essex)...
Photographie : Rasmus Videbæk
Décors : Christopher GlassCostumes : Daniel J. Lester
Montage : Lisa Lassek
Musique : Lorne Balfe
Producteurs : Jerry Bruckheimer, Thad Luckinbill, Trent Luckinbill et Molly Smith
Productions : Lionsgate, Jerry Bruckheimer Films, Alcon Entertainment, Black Label Media et Torridon Films
Distribution : Metropolitan Filmexport
Genre : Guerre
Durée : 2h10
Budget : 35 M$
Date de sortie : 31 janvier 2018
Commentaires
Enregistrer un commentaire