RATTRAPAGE 2018 --> Les Animaux Fantastiques : les Crimes de Grindelwald
Alors que le premier opus nous relançait avec bonheur dans l'univers de J.K. Rowling, sa suite, Les Crimes de Grindelwald, fait perdre à la saga toute sa magie en se présentant comme la bande-annonce du film à venir.
Note --> 2,5/5
Synopsis : Après qu'il se soit échappé, Gellert Grindelwald parcourt le monde à la recherche de nouveaux partisans. Ne pouvant l'affronter directement, son vieil ami Albus Dumbledore somme son ancien élève, Norbert Dragonneau, de retrouver le terrible sorcier avant que celui-ci mette fin à ses plans. Dans sa quête, Norbert recroisera la route de ses amis Tina, Jacob et Queenie, mais devra également faire face à une menace, qui risque de les diviser plus que jamais... 
En 2011, la saga Harry Potter se clôturait après 10 ans 
d’existence. Une décennie entière durant laquelle nous avions 
littéralement voyagé dans un univers enchanteur, attachant et 
intemporel, au point de nous faire verser notre petite larme une fois 
l’ultime générique de fin entamé. En 2016, l’auteure J.K. Rowling et la Warner Bros. remettaient le couvert avec Les Animaux Fantastiques,
 pour nous replonger dans cette magie… et récolter au passage quelques 
sous qui devaient leur manquer ! Bien que l’aspect commercial de 
l’entreprise n’était pas dissimulé et malgré quelques faiblesses 
scénaristiques, quel fut notre bonheur de retrouver le monde des 
sorciers via une nouvelle aventure fort plaisante et des personnages 
attachants ! En s’attaquant à l’adaptation de son livre dérivé de la 
saga Harry Potter, Rowling nous posait les bases d’une toute 
nouvelle série qu’il nous tardait de suivre sur grand écran. C’est pour 
cette raison que la suite, intitulée Les Crimes de Grindelwald, se faisait attendre. Et c’est également pour cela que la douche froide n’en est que plus perturbante…
Encore aujourd’hui, à plus d’un mois après sa sortie en salles, je ne
 comprends toujours pas comment on en a pu arriver à un tel niveau 
d’amateurisme… surtout de la part d’une équipe ayant pourtant de la 
bouteille avec l’univers des sorciers. Rappelons que le réalisateur, David Yates, outre le précédent opus, c’est également occupé de tous les films Harry Potter depuis L’Ordre du Phénix. Rappelons que les producteurs David Heyman et Steve Kloves
 (qui a été scénariste sur tous les films de la première saga, sauf le 
cinquième) ont jusque-là permis à ce que les long-métrages nous soient 
présentés avec fière allure. Et rappelons que depuis Les Animaux Fantastiques
 premier du nom, c’est J.K. Rowling elle-même qui détient les rênes, au 
point de scénariser les aventures de Norbert Dragonneau. Ajoutez à cela 
quelques noms prestigieux du milieu hollywoodien – Colleen Atwood aux costumes (d’ailleurs oscarisée en 2017 sur le premier opus), James Newton Howard
 à la musique – et un casting attrayant, aucune raison que cela flanche,
 surtout après une entame pour le moins réussie ! C’est pourtant ce qui 
arrive avec Les Crimes de Grindelwald…
Autant le dire de suite, le film n’est pas mauvais, loin de là ! Il aurait encore été plus étonnant que ces Animaux Fantastiques 2
 ne suivent pas la route tracée par son aîné question technique. Nous 
proposant pour le coup des décors toujours aussi somptueux. Des costumes
 agréables à regarder. Et des effets spéciaux une fois de plus 
enchanteurs, proposant tout un lot de nouvelles créatures (bestiaire 
tout de même moins fourni qu’auparavant, j’en conviens) et de séquences 
magiques faisant leur petit effet (la foire parisienne, le climax…). 
Sans oublier la musique de Howard, touchant toujours au but. De ce côté,
 Les Crimes de Grindelwald s’en sort 
comme ses prédécesseurs, à un détail près : la photographie du film. 
Celle-ci se montre bien étrange, proposant des plans qui n’ont par 
moment aucun sens, aucune raison d’être. Comme si le directeur Philippe Rousselot
 (le même ayant pourtant opéré sur le volet précédent) n’avait pas eu le
 temps de s’organiser et qu’on avait pris au montage ses travaux les 
moins convaincants. Telle la première apparition de Norbert, le 
personnage étant un coup en gros plan, à moitié coupé par les bords du 
cadre. De l’autre filmé de travers, limite flouté. C’est sans doute pour
 exprimer son état d’esprit à cet instant du film, mais le rendu reste 
étrange, voire grossier. L’évasion de Grindelwald illustre aussi ce 
fait, en se présentant comme une séquence d’action un chouïa bordélique.
 Ce qui est dommage, le long-métrage proposant tout de même des 
séquences qui ne doivent leur génie qu’à l’œil de Rousselot. L’exemple 
le plus flagrant étant le « tête-à-tête » entre Grindelwald et un bébé, 
scène étonnemment violente et puissante dans son exécution. Non, le 
problème des Crimes de Grindelwald provient principalement de deux faits navrants.
Le premier se faisait déjà ressentir sur le précédent opus : J.K. 
Rowling a beau être l’auteure de cet univers et donc le connaître par 
cœur, elle n’est pas une scénariste pour autant. Si l’écriture rapproche
 ces deux métiers, l’application n’en est que plus différente. Et sur Les Animaux Fantastiques,
 on sentait un peu cette faiblesse de Rowling. Si elle avait réussi à 
présenter de nouveaux personnages attachants, brosser de nouvelles 
intrigues intrigantes (notamment celle de Croyance) et apporter de 
nouvelles thématiques intéressantes (la romance entre une sorcière et un
 Moldu, surtout à une époque plus réfractaire sur la question), elle ne 
pouvait échapper à certaines maladresses. Comme des changements de tons 
brutaux et inadaptés, ou encore des répliques téléphonées. Ici, elle 
s’empêtre dans une entreprise bien trop grande et ambitieuse pour elle. À
 savoir adapter un recueil (un livre style encyclopédie dérivé de la 
saga principale, de moins de 100 pages) en cinq films (et non trois 
comme c’était initialement prévu). Avec cela en tête, on se retrouve 
avec le même syndrome que Le Hobbit, et notamment La Bataille des Cinq Armées
 : le long-métrage n’a rien à raconter. Pire, il se noie dans une 
complexité affolante, en nous balançant à la figure de multiples 
intrigues secondaires sorties d’un chapeau (on se perd vraiment à 
essayer de raccorder les wagons avec tous ces personnages qui 
apparaissent/disparaissent comme ça) pour finalement n’être qu’une 
banale bande-annonce pour la suite. En clair, il n’y a pas d’enjeu 
concret, pas d’action à proprement parlé et pas d’intérêt. Juste un long
 et ennuyeux bal des protagonistes qui s’achève sur un « ennemi 
préparant sa guerre ». C’est tout… Et, qui plus est, fait ce qu’avait 
pourtant éviter le premier volet : se rattacher à la saga Harry Potter. L’intérêt même des Animaux Fantastiques
 était de nous présenter une nouvelle aventure dans les mondes des 
sorciers. Avoir des références était certes évident mais ces dernières 
restaient minimes et suffisantes (comme Howard reprenant deux fois et 
discrètement le thème musical de John Williams). Bref, d’avoir une 
nouvelle saga totalement indépendante. Les Crimes de Grindelwald
 fait malheureusement la nique à cela et assume grossièrement son lien à
 la série principale en s’y attachant pleinement (l’importance de 
Dumbledore et de tout ce qui entoure le personnage, les visuels de 
Poudlard, la séquence de l’Epouvantard, la présence de Nagini dans 
l’histoire…), faisant perdre à celle nouvelle saga son charme et ses 
origines. Mettant littéralement de côté les fameuses créatures éponymes.
 Un fait qui se voit directement dans le titre « Les Crimes de Grindelwald » étant bien plus mis en avant que « Les Animaux Fantastiques ».
 Le second se traduit par une partie de l’équipe du film, qui s’est 
bien trop reposée sur ses lauriers. Notamment David Yates, qui semble 
être blasé par tout cela (le bonhomme réalise des films pour la saga 
depuis maintenant 11 ans) en oubliant d’ajouter ne serait-ce qu’une once
 de souffle épique, de magie à l’ensemble. Le long-métrage en manque 
cruellement, que ce soit par les rares séquences d’action ou la moindre 
apparition des créatures. Et pour un film exploitant le monde de Harry 
Potter, c’est un comble de taille ! Mais c’est surtout le casting qui 
déçoit. Alors qu’on se faisait une joie de retrouver ces personnages que
 nous avions précédemment appréciés, la déception est immense tant ils 
se montrent ici inexistants. Dès leurs premières secondes à l’écran, ils
 n’ont plus le même charisme, le même tempérament. Ils ne sont que des 
protagonistes lambdas qui semblent avoir perdu toute caractérisation et 
toute logique, tant les comédiens (Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Alison Sudol, Ezra Miller…) paraissent beaucoup moins impliqués dans leur rôle respectif. Bien loin des prestations plus investies de Jude Law (qui campe un convaincant Dumbledore) et Johnny Depp (qui ne semble pas s’être autant amusé dans un film depuis belle lurette). Navrant…
Sans l’ombre d’un doute – du moins pour ma part – la déception de l’année… Ces Animaux Fantastiques 2,
 je l’attendais avec impatience, dans le but de retrouver ces 
personnages et cette magie si chère à la saga dans son intégralité. Et 
au final, on nous livre un blockbuster sans âme ayant perdu au passage 
le charisme de ses protagonistes et son ambiance enchanteur. C’est la 
première fois depuis L’École des Sorciers que l’œuvre cinématographique de Rowling me déçoit à ce point, diminuant mon engouement pour Les Animaux Fantastiques
 pourtant bien présent avec le premier volet. Là, je ne suis plus autant
 pressé de découvrir la suite des aventures de Norbert Dragonneau, étant
 devenues insignifiantes à mes yeux. Il faudrait que Rowling passe la 
main à quelqu’un de plus expérimenté scénaristiquement parlant, et que 
David Yates lâche l’affaire pour laisser la place à un nouveau 
réalisateur (et à sa vision du monde des sorciers). Afin d’avoir un 
troisième opus qui ne soit pas aussi vide et interchangeable. Mais comme
 tout a été planifié pour cette saga, qui devrait d’ici peu poursuivre 
son tournage, c’est impensable. Ne reste plus qu’à espérer que l’équipe 
se rende compte de ses erreurs via les critiques (dans l’ensemble 
négatives) et les recettes au box-office (le plus mauvais score de la 
saga, en-dessous des 789 millions de dollars du Prisonnier d’Azkaban) et corrige cela pour 2020.
BANDE-ANNONCE :
FICHE TECHNIQUE :
Titre original : Fantastic Beasts : the Crimes of Grindelwald
Réalisateur : David Yates
Scénario : J.K. Rowling
Casting : Eddie Redmayne (Norbert Dragonneau), Katherine Waterston (Tina Goldstein), Dan Fogler (Jacob Kowalski), Alison Sudol (Queenie Goldstein), Jude Law (Albus Dumbledore), Johnny Depp (Gellert Grindelwald), Ezra Miller (Croyance/Credence Bellebosse), Zoë Kravitz (Leta Lestrange)...
Photographie : Philippe Rousselot
Décors : Stuart CraigCostumes : Colleen Atwood
Montage : Mark Day
Musique : James Newton Howard
Producteurs : David Heyman, Steve Kloves, J.K. Rowling et Lionel Wigram
Productions : Warner Bros. et Heyday Films
Distribution : Warner Bros.
Genre : Fantastique
Durée : 2h14
Budget : 200 M$
Date de sortie : 14 novembre 2018



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