RATTRAPAGE 2018 --> The Cloverfield Paradox

Première erreur de parcours pour la saga, The Cloverfield Paradox est une série B sans saveur. Un huis clos spatial ressemblant à tout et n'importe quoi, voulant faire le lien avec ses prédécesseurs de manière anecdotique.

Note --> 2/5


 
Synopsis : 2028. La Terre souffre en raison d'une crise d'énergie majeure. Tous les regards et espoirs sont tournés vers une mission à bord d'une station spatiale internationale nommée Cloverfield. À son bord, l'accélérateur de particules Shepard est testé. Après une tentative de lancement de la machine, une surcharge se produit. Suite à cet incident, les scientifiques de la mission découvrent que la Terre a disparu. D'autres événements étranges vont alors se produire au sein de la station, mettant en danger l'ensemble de l'équipage..

En rendant disponible The Cloverfield Paradox sur Netflix le jour de la diffusion de sa bande-annonce (pendant le Superbowl), J.J. Abrams aura encore réussi à surprendre l’assistance. Comme l’avait fait les opus précédents à leur sortie respective, créant ainsi autour du film en question un engouement ravageur. Mais jusque-là, les longs-métrages que nous présentait le producteur pouvaient se vanter d’être de bonne facture, assurant le job comme il faut. Cloverfield premier du nom, film à la Godzilla mais en found footage, avait marqué les esprits et lancé la carrière de Matt Reeves (les deux derniers opus de la saga La Planète des Singes, avec Andy Serkis) Le second, 10 Cloverfield Lane, s’était présenté sous la forme d’un huis clos tendu et maîtrisé (mais ce dénouement bâclé…), témoignant du savoir-faire de son réalisateur Dan Trachtenberg et de l’ambition de la saga. Oui, jusque-là, celle-ci avait su attirer l’attention tout en gardant un certain niveau de qualité, et on en espérait tout autant de ce The Cloverfield Paradox, longtemps connu sous son titre de travail God Particle. Première désillusion, et de taille qui plus est…


Avec ce troisième opus, J.J. Abrams et son équipe ne se sont pas montrés des plus terre à terre. Et pour cause, The Cloverfield Paradox se présente à nous sous la forme d’une aventure spatiale. Dans laquelle un groupe d’astronautes, responsable d’une expérience à bord d’une station dans le but de créer une énergie renouvelable, va perturber le cours des choses en mélangeant les dimensions par inadvertances. Se retrouvant pour l'occasion perdu dans l’espace, avec une présence mystérieuse à bord du vaisseau. Tel nous apparaît le synopsis du film sur le papier ! Avec de bien belles idées d’écritures, que ce soit l’intrigue principale (les dimensions est un sujet encore très peu traité dans le cinéma SF grand public), les personnages (notamment le fait de leur mésentente initiale, à cause de l’ambiance démotivante régnant dans la station depuis que leurs tests ne fonctionnent pas) et les clins d’œil aux opus précédents (parler de dimensions peut justement lier tous les films entre eux). Sans oublier quelques atouts non négligeables, dont de très bons effets visuels pour un tel projet (environ 50 millions de dollars) et des comédiens plutôt convaincants dans l’ensemble. Franchement, il y avait de quoi faire du bon divertissement, intelligent et complexe, pour préserver l’aura de la franchise. Malheureusement, The Cloverfield Paradox loupe le coche. 

Une seule chose semble intéresser le long-métrage : raconter son histoire principale (ces scientifiques perdus tentant de comprendre ce qui leur arrive et de faire marche arrière) tout en faisant le lien avec les films précédents. En ne visant que le but à atteindre, The Cloverfield Paradox en oublie tout ce qu’il faut pour y parvenir pleinement, à savoir développer ses personnages, explorer ses thématiques en profondeur, créer une certaines cohérences pour que l’ensemble tienne la route. Au lieu de cela, le film ne prend jamais le temps de se poser pour exposer ses intrigues secondaires (par exemple, les enfants de l’héroïne), nous les jetant plutôt à la figure comme s’il s’en fichait. Ne fait qu’enchaîner les séquences dites « paranormales » (une femme retrouvée fusionnée avec le câblage de la station, le bras d’un homme aspiré par la paroi, ce bras se mouvant l’air de rien dans les couloirs…) sans les rendre vraisemblables une seule seconde. Ne pense qu’à faire des clins d’œil à outrance (le plan final est des plus révélateurs), limite beaucoup trop explicatifs malgré quelques incohérences encore bien présentes (comme l’époque du film par rapport aux autres), alors que 10 Cloverfield Lane s’en sortait en restant mystérieux de ce point de vue là. C’est ainsi que nous pouvons décrire le film : un ramassis de scènes sans consistance, qui se veut très premier degré. Formant un récit alambiqué qui ne cherche jamais à vous faire adhérer à ce qu’il propose (nous ne sommes pas loin du « ta gueule, c’est magique !» de la saga Insaisissables).


Et la mise en scène n’aide en rien au constat final. Si J.J. Abrams a su déceler le talent de Matt Reeves et de Dan Trachtenberg, on a bien du mal à comprendre ce qu’il a pu voir en Julius Onah, tant le cinéaste est d’une grossièreté hallucinante. Gros plans, manque d’ambiance, humour gratuit (et parfois énervant), orchestrations musicales clichées, montage anarchique… tous ses choix artistiques font de The Cloverfield Paradox une série B sans saveur, impersonnelle, qui ne parvient même pas à choisir ce qu’elle veut être. Un film d’horreur à la Alien ? Un drame psychologique à la Solaris ? Un bon plaisir coupable à la Event Horizon ? Un slasher couillon à la Jason X (oui, j’ose prendre ce film en référence !) ? Plutôt que de jeter son dévolu, le long-métrage ressemble à tout ça à la fois. Ce qui lui confère une allure des plus bancales. Comme si The Cloverfield Paradox était resté à la case « brouillon », devant faire le tri dans toutes les séquences filmées par le réalisateur et ayant finalement décidé de tout prendre sans ménagement. Un fait qui renforce l’impression de n’importe quoi du scénario et nous empêche de nous intéresser pleinement à cette aventure spatiale sans identité ni immersion.

C’est vraiment dommage d’en arriver à ce point. Surtout après être passé par les bons Cloverfield et 10 Cloverfield Lane ! The Cloverfield Paradox a pourtant des qualités qui le rendent vraiment regardable (son visuel, son casting, ses ambitions vis-à-vis de la franchise…). Mais il est impossible de nier l’erreur de parcours effectuée ici par J.J. Abrams et son équipe. De crier au gâchis tant le postulat était prometteur, tout en bénéficiant de l’aura jusque-là sans faille de la saga. Espérons juste qu’il s’agit-là d’une sortie de route et que le tout soit rattraper par le quatrième opus, attendu en salles pour octobre prochain (le film est, apparemment, déjà bouclé). Et non l’essoufflement d’une série qui a, pour le coup, dévoilé ses limites avec ce troisième opus fort oubliable…

BANDE-ANNONCE :




FICHE TECHNIQUE :

Titre original : The Cloverfield Paradox
Réalisateur : Julius Onah
Scénario : Oren Uziel et Doug Jung
Casting : Gugu Mbatha-Raw (Ava Hamilton), David Oyelowo (Kiel), Daniel Brühl (Thomas Schmidt), Elizabeth Debicki (Mina Jensen), John Ortiz ('Monk' Acosta), Chris O'Dowd (Mundy), Aksel Hennie (Volkov), Ziyi Zhang (Tam)...
Photographie : Dan Mindel
Décors : Doug J. Meerdink et Amelia Brooke
Costumes : Colleen Atwood
Montage : Alan Baumgarten, Matt Evans et Rebecca Valente
Musique : Bear McCreary
Producteurs : J.J. Abrams et Lindsey Weber
Productions : Paramount Pictures et Bad Robot
Distribution : Netflix
Genre : Science-fiction
Durée : 1h42
Budget : 26 M$
Date de sortie : 05 février 2018

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